Le coup de coeur de M, le magazine du monde 28 06 2014 Voir la presse
Les Fils des hommes 6 /Chalons dans la Rue 2013 ©Michel Wiart
- Équipe Interprètes : François Rascalou et Yann Cardin / Conception générale, mise en scène, objet, costume: François Rascalou / Texte : François Rascalou à partir de témoignages recueillis auprès de fils de la guerre d’Algérie / Production : Action d’Espace – Brindille Diffusion /Diffusion : Fatma Nakib – Brindille Diffusion / Vidéo : Emmanuelle Cheyns /Administration : Action d’espace – Ardec.
- Regards complices Pierre Pilate – Cie 1 watt /Didier Taudière – CIA /Laure Terrier – Cie Jeanne Simone, dans le cadre de l’accueil en résidence à l’Atelline Lieu de Fabrique Arts de la rue Languedoc-Roussillon.
- Partenaires Spectacle accueilli en prêt de salle à L’Usine lieu conventionné dédié aux Arts de la rue – Tournefeuille / Avec le soutien de l’Atelline Lieu de Fabrique Arts de la rue Languedoc-Roussillon /Collège d’Ambrussum-Lunel dans le cadre d’un projet de territoire aidé par le Conseil Général de l’Hérault /Lycée Victor Hugo-Lunel dans le cadre de « Demain en France » aidé par la Ligue de l’Enseignement /Institut Français de Oran et Cultures sans Frontières à Oran /Fédération des Œuvres Laïques 34 / Conseil Régional Languedoc Roussillon /La Chapelle / Conseil Général de l’Hérault / Ville de Montpellier
Pourquoi en venir à çà ?
« En décembre 2009, à la recherche d’un livre à offrir à mon père, je choisis « des hommes » de Laurent Mauvignier, roman des hommes de la guerre d’Algérie. Mon père, comme tous nos pères, a combattu là bas, durant 28 mois, et n’en parlera plus. Avant d’offrir, je préfère lire. C’est un choc, une épreuve, j’en arrête la lecture, ferme le livre pour en perdre les pages, j’y reviens. A toucher le livre je me sens pris. Je ne l’offrirai pas.
Oui, il y a la violence de la guerre, oui ce n’est jamais dit chez nous, oui c’est « de » l’histoire….mais non, ce n’est pas ça. Alors c’est quoi ? Ça ne parle pas d’événements, de dates, de lieux. C’est des hommes, ils parlent, où ils en sont, où ils en étaient, leurs vies à eux, intimes, réelles, dans le chaos. C’était là-bas, c’est encore là, tous partis, ceux d’ici, et les autres, les harkis, les rapatriés. Et ceux qu’on ne verra pas, qu’on n’entendra pas, les « fells ». Là aussi. Et ça parle à tour de bras, une parole de tête, c’est incessant, ça couvre tout, en silence. Ça résonne en moi, comme une danse, un dessin d’espace, un flot d’apparition d’individus, une nécessité d’attraper ça, de l’interroger dans des corps. Poser ça où je pourrai faire entendre le silence d’après. L’été 2010, un repas dans un champ, on a mis les nappes en papier pour le repas du village, je me trouve à table côte à côte avec H.G., paysan que je croise depuis l’enfance sans jamais avoir échangé une parole. Et là, venu de rien, de loin, du beau temps, du vin, « l’Algérie, je voudrais y retourner, mais c’est pas possible, je sais c’est pas possible ». Je suis pris, pétrifié un instant, et j’entends l’écriture, son rythme. Je demande alors, « Comment t’es parti, t’avais quel âge, on t’a dit quoi, par où t’es passé, c’était quoi … ? ». FR
« Les fils des hommes » est l’aboutissement d’une recherche menée depuis décembre 2009 sur la construction de la mémoire de la guerre d’Algérie. Parti d’une interrogation vers les « hommes », nos pères, ceux qui l’ont vécue, j’en suis venu à interroger les « fils des hommes ». Je suis un des fils. Quels sens, quelles postures, aujourd’hui pour des «fils de Harki, Pied noir, Appelé, Moudjahidin» ? Que faisons-nous de ces mémoires, de ces silences, de ces histoires, de ces images ? Comment les fils, aujourd’hui, des deux cotés de la méditerranée, construisent le présent et l’avenir avec ces legs ?